Chanvre textile, où en sommes-nous ?

Le chanvre textile, fibre oubliée pendant des décennies, revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Utilisé depuis des millénaires, le chanvre fut longtemps une ressource stratégique pour la fabrication de textiles robustes, avant de décliner au profit du coton et des fibres synthétiques. Face à l’urgence écologique et à la nécessité de relocaliser des chaînes de valeur, cette plante millénaire suscite un intérêt renouvelé. À travers cet article, nous dressons un état des lieux précis et scientifique du chanvre textile en France : ses propriétés, les raisons de son retour, les acteurs de la filière, et les perspectives concrètes de développement.

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Un usage ancestral du chanvre textile

Cultivé depuis plus de 6 000 ans, le chanvre (Cannabis sativa L.) est l’une des premières plantes domestiquées par l’homme. Sa fibre a été utilisée pour la fabrication de cordages, de voiles, de vêtements, de sacs et même de billets de banque. Dans l’Europe médiévale, le chanvre textile constituait la matière première majeure des industries textiles locales, notamment en France, dans des régions telles que la Bretagne, le Nord ou la Normandie.

Jusqu’au XIXe siècle, le chanvre concurrençait largement le lin et le coton. Mais les contraintes liées à sa transformation, ainsi que la montée en puissance du coton (moins coûteux à produire) et l’arrivée des fibres synthétiques au XXe siècle, ont conduit à sa quasi-disparition du paysage industriel textile européen.

Une fibre d’avenir pour répondre aux enjeux écologiques

Le chanvre textile suscite aujourd’hui un regain d’intérêt en raison de ses qualités environnementales uniques. C’est une culture sobre et vertueuse à bien des égards :

– Elle ne nécessite ni irrigation, ni pesticides, ni herbicides.
– Elle améliore la structure du sol grâce à un enracinement profond.
– Elle capte plus de CO₂ que la plupart des cultures agricoles (jusqu’à 15 tonnes/ha/an).
– Elle permet des rotations agricoles bénéfiques, notamment avec les céréales.

De plus, la transformation du chanvre génère très peu de déchets : tout est valorisable (fibres longues, fibres courtes, chènevotte, graines). Ces caractéristiques en font une ressource clef pour une industrie textile plus durable.

La reconstruction d’une filière française : acteurs et dynamiques

La filière du chanvre textile est en pleine reconstruction en France. Elle réunit désormais de nombreux maillons :

 Les agriculteurs : principalement situés dans les Hauts-de-France, la Normandie, l’Anjou et le Sud-Ouest, ils remettent en culture le chanvre grâce à un encadrement technique et à des débouchés sécurisés. Le GNIS, Terres Inovia, et Interchanvre accompagnent ce retour.

Les teilleurs : ils séparent mécaniquement la fibre du reste de la plante. Les acteurs comme La Chanvrière par exemple développe des lignes de teillage spécifiques pour répondre aux exigences du textile (finesse, homogénéité, longueur de fibre).

Les filateurs : acteur clé de cette renaissance, Safilin a investi massivement pour réintroduire la filature de chanvre en Pologne. Historiquement ancré dans le lin, Safilin maîtrise les procédés de filature au sec comme au mouillé. Elle propose aujourd’hui des fils de chanvre de haute qualité, stables et adaptés aux exigences des secteurs de l’ameublement et de l’habillement.

 Les tisseurs et tricoteurs :

– Tissage de France travaille à intégrer le chanvre dans des étoffes de qualité, destinées à l’habillement comme à la décoration.
– Tissages d’Autan, implanté dans le Sud-Ouest, explore les usages du chanvre dans le tissage, alliant approche artisanale et innovation.
– Lemaitre Demeestere, manufacture fondée en 1835, développe des tissus à base de chanvre dans une logique de luxe durable.
– Lepère Oursport innove dans le tricotage de structures adaptées aux propriétés spécifiques du chanvre.

Recherche, développement et projets structurants : Hemp4Circularity

Le projet européen Hemp4Circularity, piloté par l’Alliance Européenne du Lin et du Chanvre (ex-CELC), réunit chercheurs, industriels et acteurs de terrain autour d’un objectif commun : construire une filière chanvre textile locale, circulaire et compétitive.

Ce projet vise à :
– Optimiser les pratiques agronomiques du chanvre textile.
– Améliorer les étapes de teillage et de filature.
– Développer des produits textiles innovants, traçables et bas-carbone.

Safilin y participe activement en mettant à disposition son expertise en filature, pour élever le niveau de qualité des fils produits. En parallèle, les partenaires tisseurs testent différentes structures et liages pour maximiser les performances du chanvre.

L’offre de Safilin : des fils adaptés à tous les usages

Safilin propose aujourd’hui deux gammes de fils de chanvre textile issues de sa filature de Szczytno :

–  Fils à sec, destinés à l’ameublement :
  – NM 2,6
  – NM 4,2
  – NM 6

– Fils au mouillé, destinés à l’habillement :
  – NM 12 naturel
  – NM 15 naturel

Ces fils se caractérisent par une excellente régularité, une résistance mécanique adaptée aux contraintes industrielles et une naturalité visuelle en phase avec les attentes du marché haut de gamme. Leur traçabilité complète garantit une origine 100 % européenne et une transformation sans produits chimiques agressifs.